<195>Jamais je ne fus entiché
De cette bavarde folie.
Pour l'avoir il faut du génie;
Je n'en ai point, j'en suis fâché.
Il ne me reste qu'à ramper géométriquement sur les pas de l'usage, et à suivre en gros l'exemple de notre bon et ridicule genre humain,
Qui, sans afficher son dessein,
Soit ennui, soit par complaisance,
Déchire entre soi le prochain,
Et, dans les bras de l'indolence,
Distille ce mortel venin
Dont il nourrit sa médisance,
Ce qui vraiment n'est pas chrétien.
Mais nous ne nous piquons pas trop de l'être, nous autres, et l'on pense assez communément qu'il vaut mieux être père d'un bon mot que frère en Jésus-Christ. On oublie un peu ce qu'est cette tendresse fraternelle, quand on a fait la guerre.
Tous ces talpachs et ces pandours,
Qui nous entourent tous les jours,
Sur mon Dieu, ne sont pas mes frères;
De Satan je les crois vicaires,
Et bâtards de singes et d'ours.
Comment voulez-vous qu'on respecte l'humanité dans les gens qui n'en ont tout au plus que de légers vestiges? Je crois qu'une ressemblance de mœurs fait plus de liaison parmi les hommes qu'une structure de corps égale; je dispute l'un et l'autre à nos ennemis. Le moyen, après cela, de les aimer!
Nous nous préparons à l'ouverture de la campagne, qui n'aura pas encore lieu sitôt, et il se pourrait fort bien que nous passassions encore le 20 de ce mois sous les toits. Nous sommes assez tranquilles à présent. Le vieux prince d'Anhalt couvre la Haute-Silésie, et votre serviteur rassemble ici ses principales forces pour tomber avec une grande supériorité sur l'ennemi, ce qui ne peut se faire qu'à l'arrivée du fourrage.
Tenez, voici une petite leçon militaire pour vous arranger les