<20>offensée, et elles en auraient d'autant plus de poids. Je m'offre très-volontiers à être l'apologiste de l'inimitable Voltaire toutes fois et quantes qu'il en aura besoin; ce sera Trajan qui fera le panégyrique de Pline.
Vous me flattez, madame, de vous approcher ce printemps de nos frontières, et j'ai le chagrin de vous apprendre que je prends un chemin tout opposé cette année; je compte de suivre le Roi en Prusse, et ce ne sera que dans deux ans que je reverrai le pays de Clèves. Je suis bien malheureux de ce que le destin me paraît si contraire. Si je n'ai pas la satisfaction de vous voir, j'aurai du moins le plaisir de recevoir plus souvent de vos lettres. Je vous prie de me croire avec une estime infinie, etc.
9. DE LA MARQUISE DU CHATELET.
Cirey, 27 février 1789.
Monseigneur,
La lettre dont Votre Altesse Royale m'a honorée a versé du baume sur les blessures que les ennemis de M. de Voltaire et du genre humain ne cessent de lui faire. Il a suivi le conseil que V. A. R. daigne lui donner; il n'a point fait paraître son mémoire, il s'est plaint à M. le chancelier. L'affaire est renvoyée à M. Hérault, lieutenant-général de police, et j'espère que M. Hérault, qui a déjà condamné l'abbé Desfontaines en 1736 pour un libelle contre plusieurs membres de l'Académie française, vengera M. de Voltaire et le public. Tout ce que je désire, c'est que M. de Voltaire ne soit point obligé à quitter Cirey et ses études pour aller poursuivre sa vengeance à Paris, et je me flatte que le ministère public s'en chargera. L'intérêt que V. A. R. veut bien y prendre me persuade qu'elle sera bien aise de savoir à quoi en est une affaire qui est venue troubler si cruellement le repos d'un homme que V. A. R. honore de tant de bontés.
A l'égard de Thieriot, il est inexcusable d'avoir osé rendre