<207>a trouvé vingt-cinq mille jetons de l'Académie dans sa chambre, qu'il a su s'approprier.
En voici une assez divertissante. Le père Patau, abbé de Sainte-Geneviève, reçoit un présent de confitures et de fleurs, accompagné d'une lettre arabe, sans qu'on lui dise de quelle part elle vient. L'abbé Fourmont ambitionne l'honneur d'en être lui seul l'interprète; il y travaille pendant quatre jours, feuillette pour cela dictionnaires arabes, turcs et persans. Il trouve enfin fort heureusement que la lettre est écrite par des Turcs de la suite de l'ambassadeur, qui veulent se faire chrétiens. L'abbé Patau en fait grand bruit, en parle à la reine d'Espagne. La Reine fait de grands éclats de rire, et proteste qu'il n'y a pas un mot de tout cela dans la lettre. On s'adresse à M. de Fiennes, qui l'interprète sur-le-champ, et y trouve un compliment à la turque, où Dieu et Mahomet sont invoqués en faveur de l'abbé, et où on lui marque que ces fleurs et ces fruits contenteront le goût et les yeux. Pour couper court, c'est la reine d'Espagne qui avait joué ce tour à l'abbé, en lui faisant écrire une pareille lettre par un petit marchand d'Alep qui vend des bijoux au Palais-Royal.
J'ai l'honneur d'être, etc.
134. A M. JORDAN.
Champ de bataille de Chotusitz, 17 mai 1742.
Cher Jordan, je te dirai gaiement que nous avons bien battu l'ennemi. Nous nous portons tous bien. Le pauvre Rottembourg est blessé à la poitrine et au bras, mais sans danger, à ce que l'on croit.
Adieu; tu seras bien aise, je crois, de la bonne nouvelle que je t'apprends. Mes compliments à Césarion.