<213>ment, en déplorant le malheur qu'ils avaient de se voir exposés à la perte de leur meilleur ami.
Le pauvre Keyserlingk est au lit depuis huit jours; c'est un violent accès de goutte qui l'y oblige. Il m'a chargé de le mettre aux pieds de V. M.
Je ne sais si V. M. reçoit toutes les pièces que je lui envoie; elle recevra la semaine prochaine la suite des Travaux d'Hercule, avec une comédie où le portrait du philosophe brouillé est représenté au naturel.
Il y a ici un homme qui a fait un vase de fleurs en haute lisse que tous les connaisseurs admirent. Knobelsdorff et Pesne souhaiteraient bien que V. M. pût le voir; c'est un morceau achevé. L'ouvrier est des Gobelins; la misère ne lui permet pas d'attendre le retour de V. M. Pesne travaille à force aux plafonds de Charlottenbourg.
J'ai, etc.
140. A M. JORDAN.
Camp de (Brzezy).
Federicus Jordano, salut. Il est arrivé ce que vous avez prévu : nous avons eu une bataille décisive; vous en savez le succès. Les suites en sont que le prince Charles quitte la Bohême, et qu'il va vers Brünn ou vers Wittingau.
Rottembourg se remet de ses blessures, et nos pertes ne sont pas excessives.
Voilà ton ami vainqueur pour la seconde fois dans l'espace de treize mois. Qui aurait dit, il y a quelques années, que ton écolier en philosophie, celui de Cicéron en rhétorique et de Bayle en raison, jouerait un rôle militaire dans le monde? Qui aurait dit que la Providence eût choisi un poëte pour bouleverser le système de l'Europe et changer en entier les combinaisons politiques des rois qui y gouvernent? Il arrive tant d'événements dont il est difficile de rendre raison, que celui-ci peut être hardi-