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144. A M. JORDAN.

Camp de Kuttenberg, 4 juin 1742.

Federicus Jordano, salut. Je suis si affairé, que, bien loin d'avoir l'esprit libre, je l'ai plus embarrassé que jamais. Nous avons ici les

deux Belle-Isle et quelques officiers français. Le pauvre Pritzena a payé son tribut à la nature; je le regrette beaucoup, comme un fort brave garçon et une ancienne connaissance. Rottembourg est tout a fait hors de danger. Les victimes de la patrie qui ont en dernier lieu si généreusement combattu se remettent en grande partie; les chirurgiens me donnent très-bonne espérance de leur guérison.

Je ne sais pas trop quand je vous reverrai. A parler franchement, je ne présume point que ce soit avant la fin de la campagne.

Adieu, dive Jordane. Je n'ai l'esprit ni gai, ni épique. Aime-moi toujours, et sois persuadé de mon estime et de mon amitié. Mes compliments à Césarion, au Tourbillon et à l'architecte.

145. AU MÊME.

Camp de Kuttenberg, 5 juin 1742.

Federicus Jordano, salut. Vous serez sans doute à présent informé des heureuses suites de notre victoire. Les ennemis se sont retirés jusqu'à Budweis, où ils se sont joints avec le prince Lobkowitz. Vous voyez par là que le fait est incontestable, et que rien ne confirme si fort notre supériorité que la fuite de l'ennemi et une retraite de seize milles d'Allemagne.

La relation imprimée de Berlin, qui sans doute court à présent tous les cafés de l'Europe, est sortie de ma plume. J'ai détaillé toute l'action avec exactitude et avec vérité. L'histoire de


a Voyez t. II, p. 140 et 168.