<223>Pensez-vous que les morts nouveaux
Auront le pas sur ces héros?
Vous mourez; votre nom, que déchire l'envie,
Même après le trépas ne peut trouver de port
Contre la noire calomnie.
Heureux est le mortel de qui le bon génie
Sait vivre dans l'oubli, satisfait de son sort!
On m'ignorait avant ma vie;
Que l'on m'ignore après ma mort.
Voilà de la morale cadencée et toisée; j'espère que vous en serez content. Je me flatte quelquefois de pouvoir encore passer un bout d'automne à Charlottenbourg, et raisonner avec vous sur le vide et la nullité de toutes les choses de cette vie. J'ai conclu le marché pour le fameux cabinet du cardinal de Polignac; je l'aurai en entier. On l'enverra par Rouen à Hambourg. Ce sera pour Charlottenbourg un ornement de plus, et qui vous amusera autant que votre bibliothèque.
Encouragez Francheville jusqu'à mon retour.
GAZETTE.
Charles de Lorraine et Lobkowitz se sont joints; ils ont passé la Moldau, et chassent devant eux un troupeau de Français dont Broglie est le berger. Les Prussiens vont marcher à Prague pour remettre les Français dans le bon chemin, ou pour faire la paix.
Adieu, cher Jordan; je ne vous dis rien de l'estime, de l'amitié et de tous les sentiments de votre serviteur.
149. DE M. JORDAN.
Berlin, 12 juin 1742.
Sire,
Je me flattais que nous aurions bientôt l'honneur de voir Votre Majesté jouir tranquillement à Charlottenbourg du fruit de ses travaux militaires; mais la lettre dont il a plu à V. M. de m'ho-