<224>norer semble m'avoir envié le bonheur de cette espérance. On dit que le maréchal de Belle-Isle ne quittera V. M. que pour aller à Vienne. Je voudrais pouvoir me le persuader, ce serait un lénitif toujours bon à prendre; mais ma diable de raison, toujours ennemie de la tranquillité de mon âme, m'objecte que, si le maréchal allait à Vienne, les préliminaires de la paix seraient au moins signés. Je regrette le pauvre Pritzen et tant d'honnêtes gens, victimes volontaires de l'amour de la gloire.
On prétend que les ennemis sont dans le dessein de hasarder une seconde bataille; on assure la chose très-positivement. Quoique je ne les craigne plus, je voudrais bien cependant qu'ils se tinssent en repos.
On dit ici qu'un jeune officier a été tué dans un duel en faveur des beaux yeux de la galante comtesse de Breslau. Cela m'a surpris. La salle de musique sera faite samedi prochain, elle représente le Parnasse et les Muses; dans une quinzaine de jours il y en aura encore deux d'achevées. On ne saurait être plus assidu à son travail que ne l'est Pesne.
La goutte de Césarion est à la main; il me paraît d'ailleurs assez bien depuis huit jours, soit pour la santé, soit pour l'humeur.
La Knyphausen ira, je crois, sur ses terres; elle continue à être malade. Je la plains : ne pas se bien porter, avoir cinq filles à marier, un fils qui fait le vagabond, ne pouvoir pas disposer d'un homme dont on voudrait faire son gendre, il y a dans tout cela de quoi se chagriner.
J'ai reçu des bijoux de la part de V. M. pour les vendre; ils ont été expédiés le 23 de mai, et ne sont arrivés ici que le 12. J'en rends raison à Fredersdorf pour ne pas importuner V. M. Les francs-maçons attendent avec impatience la permission de V. M., et d'Argens l'exemption des droits d'accise pour ses effets.
J'ai l'honneur d'être, etc.