<239>sidéré du peuple. Sa légèreté peut cependant être fixée, V. M. en a l'art. Il est de certains coups de théâtre qui savent fixer l'esprit par le secours de l'admiration. Les succès heureux de la campagne charmaient le peuple; mais, comme ces succès semblaient éloigner le moment désiré de la paix, on se livrait à la crainte. Ce moment est arrivé dans le temps qu'on y pensait le moins, et V. M. l'a fait naître par des moyens qu'on n'avait pas lieu de prévoir. C'est là le coup de théâtre qui frappe.
V. M. me fait tort, si elle me croit capable de me plaindre de l'occupation que me donne la direction de la maison de travail. Je n'ai qu'un but dans ce monde, auquel je suis toujours prêt à tout sacrifier : c'est de montrer mon parfait dévouement au service de V. M., et de me rendre utile à ma patrie, si l'on m'en croit capable. Mon esprit, indéterminé quelquefois, ne varie point sur ce sujet.
J'ai l'honneur et le bonheur d'être, etc.
161. A M. JORDAN.
Neisse, 1er juillet 1742.
Federicus Jordano, salut. Votre lettre m'a beaucoup diverti par rapport aux propos du public. Je ne connais point le Magasin dont vous me parlez, et personne ne l'a même ici. Les vers de Francheville sont traînants et ennuyeux. La pointe du conte n'est pas assez aiguisée; en un mot, il ne fait point rire, c'est pourquoi je le condamne. Vous voyez, par les lieux d'où je date mes lettres, comme je m'approche tout doucement de chez vous, et comme les événements se succèdent.
Je fais travailler ici à de grands ouvrages; cet endroit doit devenir la barrière de l'État et la sûreté de mes nouvelles conquêtes. Je dirige d'ici les nouveaux arrangements de la province; je règle les affaires de droit, et j'arrange les économiques, peut-être aussi dérangées que les premières.