<243>J'ai fait des vers que j'ai perdus, j'ai commencé à lire un livre que l'on a brûlé, j'ai joué sur un clavecin qui s'est cassé, et j'ai monté un cheval qui est devenu estropié. Il ne me manque plus, pour m'achever de peindre, que de vous voir payer d'ingratitude l'amitié que j'ai pour vous. Vale.
166. AU MÊME.
Au fier Jordan qui se rebèque
Quand il doit quitter pour un temps
L'appât de sa bibliothèque
Pour d'autres plaisirs moins piquants.
On dirait qu'il part pour la Mecque
Quand de ses savants errements
Il s'éloigne de quelques milles;
Car hors Berlin point d'agréments,
Et dans ces petits nids de villes
Il ne vit que des imbéciles,
Comme moi, votre serviteur,
Et bien d'autres de ma valeur.
Cet appât ne peut faire mordre
La crême, la perle, la fleur
Des savantas du premier ordre
Pour nous honorer de l'honneur
De sa présence tant aimable.
S'il le fait, c'est à contre-cœur,
Et se vouant cent fois au diable.
Envoie-moi, s'il te plaît, Mahomet, que je n'ai ni vu, ni ouï. Tu as raison de croire que je travaille beaucoup; je le fais pour vivre, car rien ne ressemble tant à la mort que l'oisiveté.a
Je suis le très-humble serviteur des ...., des Césars,b du
a Voyez, t. X, p. 78, et t. XIV, p. 98.
b Didier baron de Keyserlingk, surnommé Césarion par le Roi. Voyez t. X. p. 24.