<250>Qui sait si plaisamment médire
De tout homme qu'il entreprend?
Depuis qu'il n'est plus courtisan,
Qu'il est auteur, qu'il doit écrire,
Qu'il est enrôlé par d'Argens,
Et même à titre de génie,
Devant son savoir prudemment
Mon ignorance s'humilie,
Car vous savez assurément
A quel point l'on est ignorant
Quand on n'est pas reçu dans votre Académie.
Mais pourquoi cette compagnie
N'a-t- elle pas très-sagement
A quelque médecin savant
Ordonné que la maladie
Évacuât le corps souffrant?
Sur le status morbi on ferait deux volumes;
Dieu! l'on verrait briller quelque savante plume.
Tandis que l'on raisonnera,
Que le pouls on lui tâtera,
Que sur sa pédantesque enclume
Des remèdes on forgera.
Tout doucement dans l'autre monde.
Faisant révérence profonde,
Le vieux satyre s'en ira.

Gare que je ne prophétise, car je crains pour le cacochyme Pöllnitz. Ce serait dommage pour nous, et ce serait une banqueroute pour les anges, car, selon les saints, son âme sera dévolue aux griffes de messire Satanas.

Je serai mercredi à Berlin; prépare-moi une plaisante comédie, et fais la chose galamment.

Voltaire viendra ici dans huit jours. Je te prie, fais mettre l'article de Poitier dans la gazette de Paris et de Londres.

Adieu, messire Jacques-Étienne;a je suis ton grand et petit serviteur.


a Jordan s'appelait Charles-Étienne.