<315>rentin sorti fraîchement de l'école de Machiavel n'en ferait pas davantage. Vous voulez que je vous envoie mes rapsodies, et, par cet ascendant que vous avez toujours eu sur moi. vous m'obligez d'y souscrire. On va donc vous remettre incessamment mon essai sur l'histoire de Brandebourg, que j'ai corrigé et augmenté avec beaucoup de soin, et qui, indépendamment de mes peines, ne vaut pas grand' chose. Votre curiosité sera mal payée : vous y trouverez peut-être des traits trop hardis; votre orthodoxie sera peut-être scandalisée de ce que j'ai jeté le masque de l'hypocrisie. Je n'ai à ceci que deux mots à vous répondre : j'ai voulu être vrai, et j'ai plutôt écrit ces misères pour m'amuser que pour plaire. Si à Étampes on se souvient de Berlin; si certain gros marquis n'a point effacé de sa mémoire des amis qui lui veulent mille biens, et qui s'intéressent autant qu'ils peuvent à sa félicité, je le prie de me compter de ce nombre, et je le prie de ne point m'ôter l'espérance de le revoir un jour. Adieu.
Federic.
3. AU MÊME.
Berlin, 28 décembre 1751.
Monsieur le marquis de Valori, je suis convaincu de la sincérité des vœux que vous faites pour moi, et je n'ai jamais douté de votre attachement pour ma personne. Soyez persuadé, de votre côté, que j'ai toujours la même amitié pour vous, et que votre nom ne s'effacera jamais de mon souvenir. Je ne saurais vous envoyer ce que votre politesse vous engage de me demander avec tant d'instances. Je n'ai fait tirer que très-peu d'exemplaires de la dernière édition, et les anciennes sont si imparfaites et si incomplètes, que je me propose d'en faire brûler tous les exemplaires. Je sais très-bien que j'aurais pu vous confier tout ce que j'ai fait dans mes moments de loisir, et que vous êtes incapable