8. AU MÊME.
Potsdam, 9 février 1745.
J'ai été bien fâché d'apprendre, par votre lettre du 28 janvier, le triste état où vous vous trouvez par rapport à votre santé délabrée, qui vous fait concevoir l'idée et le désir d'une entière retraite, en sacrifiant, avec le monde, vos emplois et appointements. J'y prends une part très-particulière, et je souhaite que votre résolution pourrait être démentie par une prompte et solide convalescence, qui vous rendrait votre belle humeur et le goût du monde. C'est pourquoi je vous conseille de ne rien précipiter, mais de bien peser les raisons qui devraient vous soutenir et fortifier dans l'envie de vous conserver pour l'amour de vous et de vos bons amis, qui ne peuvent que regretter un plan que vous commencez de former contre vos intérêts et votre repos. Si vous vous trouviez assez fort pour vaincre votre hypocondrie, en songeant de revenir bientôt avec votre gaieté et goût pour les plaisirs, je vous recevrais à bras ouverts; mais en cas que vous persistiez absolument dans ces noirs sentiments d'une retraite, vous pouvez compter sur les effets de ma compassion, en vous offrant de vous laisser jouir de la pension de mille écus que vous avez sur la caisse des recrues. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.
Federic.
9. AU MÊME.
Potsdam, 16 février 1745.
Votre lettre du 6 de ce mois m'a sensiblement affligé en m'apprenant la mauvaise situation de votre santé et l'humeur mélancolique qui vous semble forcer à insister sur votre demande précédente. Vous aurez vu là-dessus, par le contenu de ma réponse du 9 de ce mois, mes sentiments et ce que je vous ai offert, en