1. AU FELD-MARÉCHAL DE KALCKSTEIN.
(1747.)
Je suis trop de vos amis pour ne pas prendre part au malheur imprévu qui vient de vous arriver.a Je vous prie de prendre votre parti et de vaincre vos premiers mouvements de douleur par la force de la raison. J'ai pris des mesures pour favoriser la fuite du coupable. C'est une étourderie inexcusable que de se jouer légèrement et par mégarde de la vie des hommes; mais il faut avouer qu'il n'y a aucune méchanceté ni noirceur dans le cas de votre fils. Souffrez que la morale que vous m'avez prêchée si souvent autrefois réfléchisse à présent sur vous, et gagnez assez d'empire sur l'accablement où je suppose que vous êtes, pour que le chagrin ne vous domine point et n'abrége pas vos jours.
Je suis avec bien de l'estime
Votre fidèle ami,
Federic.
AU LIEUTENANT DE KALCKSTEIN.a
Magdebourg, 13 juin 1747.
Pour répondre à votre lettre du 8 de ce mois, je vous dirai que, si j'ai encore quelque égard pour vous, ce n'est pas à cause de
a Le fîls du feld-maréchal avait tué un tambour dans un accès de colère.
a Louis-Charles de Kalckstein, qui fut élevé au grade de feld-maréchal le 20 mai 1798.