<73>de la marquise ne se trouve pas toujours aussi bien fournie que la mienne. Tu rendras à cet homme, extraordinaire en tout, la lettre ci-incluse, avec un petit compliment en style de savante maquerelle; tu en feras autant aux grâces d'Algarotti, aux courbes de Maupertuis et à la tour babylonienne de Des Molards. Mande-moi beaucoup de folies, ce qu'on dit, ce qu'on pense, et ce qu'on fait. Berlin, dit-on, a l'air de dame Bellone en travail d'enfant; j'espère qu'elle accouchera de quelque chose de bon, et que je gagnerai la confiance du public par quelques entreprises hardies et heureuses. Enfin, me voici dans une des plus belles circonstances de ma vie, et dans des conjonctures qui pourront poser une base solide à ma réputation. Ton prêtre en a une fausse; hélas! je n'ai jamais entendu nommer son nom, et les syllabes qui le composent n'ont jamais frappé mes oreilles dans l'ordre où vous me les marquez. Mes soins ne sont ni d'aujourd'hui ni d'hier pour les blés, mais c'est de longue main. Dans des temps calamiteux, on n'est pas maître des événements, et tout ce que l'on peut faire, c'est d'être industrieux. Heureusement mes soins n'ont pas été inutiles.
Adieu; je te reverrai vendredi, et si tu me dis. Ma foi, je ne sais rien, je te donnerai le fouet. Ma lettre commence comme une ode, et finit comme un lampons.
21. AU MÊME.
Tu m'as nommé dans ta lettre un mot barbare d'un livre, dont Voltaire s'est servi. Dis-moi ce qu'il signifie, car je n'y comprends rien. Ce que je puis t'assurer, c'est que Voltaire a fait une subtile collection de tous les ridicules de Berlin, pour la produire en temps et lieu, et que le secrétaire des impromptu y trouvera sa place, comme moi la mienne. J'ai perdu ces vers qu'il a écrits dans des tablettes; renvoie-les-moi.