38. A M. JORDAN.
Schweidnitz, 24 février 1741.
Ami Jordan, tu me feras plaisir de me venir joindre avec Maupertuis; prends le chemin de Breslau, et reste là jusqu'à nouvel ordre.
J'avise à présent à nos sûretés, et je prépare tout pour pouvoir faire avec succès la campagne prochaine. Je ne sais d'où vient ta mélancolie; mais j'espère que tu n'auras pas besoin de l'augmenter. J'aime la guerre pour la gloire; mais si je n'étais pas prince, je ne serais que philosophe. Enfin il faut dans ce monde que chacun fasse son métier, et j'ai la fantaisie de ne vouloir rien faire à demi.
Ne m'oublie pas, ou mort, ou vif, et sois persuadé que, de philosophe devenu guerrier, je ne t'en estime pas moins dans le fond du cœur. Vale.
39. DE M. JORDAN.
Berlin, 28 février 1741.
Sire,
Votre Majesté a l'art de guérir les malades d'une manière plus naturelle que le roi de France ne guérit les écrouelles. A l'arrivée de la charmante lettre dont elle a bien voulu m'honorer, il m'a semblé sentir mon mal diminuer, et j'espère même être bientôt en état d'obéir à l'ordre gracieux que j'ai reçu.
Je ne doute point que M. de Maupertuis ne se rende toujours très-volontiers aux ordres de V. M., et ne fasse le voyage avec moi.
Je viens de recevoir dans ce moment une lettre adressée à un ami, de Marseille, où il y a une strophe qui, je crois, mérite que V. M. la lise.