<91>philosophe que tu ne l'as cru. Je l'ai toujours été, un peu plus, un peu moins. Mon âge, le feu des passions, le désir de la gloire, la curiosité même, pour ne te rien cacher, enfin, un instinct secret, m'ont arraché à la douceur du repos que je goûtais, et la satisfaction de voir mon nom dans les gazettes et ensuite dans l'histoire m'a séduit.
Adieu, cher et fidèle ami; mes compliments à Césarion.
41. DE M. JORDAN.
Berlin, 4 mars 1741.
Sire,
Voici une kyrielle de nouvelles qui me sont venues, et qui divertiront peut-être V. M., quelque occupée qu'elle soit à de grands desseins. « Le roi de Prusse, dit un gazetier de Hollande, fait faire de grandes perquisitions touchant l'assassinat de Saint-Clair. »
A cette nouvelle on ajoute celle-ci, que le roi de Prusse a envoyé des prédicateurs en Silésie, « d'autant que ce prince marque beaucoup de zèle pour les intérêts et pour l'accroissement de la religion protestante. On observe dans toutes les églises de Silésie d'y réciter la prière que ce prince a dressée lui-même. »
Pour ce qui regarde le gazetier de Cologne, je n'en parle point à V. M., qui, sans doute, est informée des impertinences insérées dans sa dernière gazette.
Le bruit est ici général que nous aurons la consolation de voir V. M. dans quinze jours à Berlin. Cette nouvelle m'a fort occupé, et me ferait beaucoup de plaisir, d'autant plus qu'on assure que l'armée d'observation n'aura plus lieu.
On parle ici d'une action qui s'est passée sous les yeux de V. M. Trois cents Prussiens se sont fait jour au travers de huit cents hussards impériaux. Ce qu'il y a de particulier, c'est qu'on débite