46. A M. JORDAN.
Schweidnitz, 15 mars 1741.
Cher Jordan, lorsque ta santé te permettra de venir ici, tu me trouveras tout disposé à te faire bonne réception. Je suis ici en situation avantageuse, et nos affaires, grâce au ciel, vont à merveille; mais la philosophie n'en va pas moins son train, et sans ce maudit penchant que j'ai pour la gloire, je t'assure que je ne penserais qu'à ma tranquillité.
Adieu, cher Jordan; j'espère de te voir bientôt ici. Ne m'oublie pas, et sois persuadé de l'estime et de l'amitié véritable que j'ai pour toi. Mes compliments à Césarion.
47. DE M. JORDAN.
Berlin, 17 mars 1741.
Sire,
La prise de Glogau a rempli de joie tout le public, et on attend, avec une impatience qui me fait plaisir, le détail de cette belle action dans les gazettes. Il n'est point de particulier qui n'y prenne part. Ce que l'on admire le plus, c'est qu'on ait pu arrêter le soldat, qui, dans de pareilles circonstances, a presque toujours le droit du pillage. Voilà les avantages réels qu'on retire de la discipline militaire de ce pays.
On se dit ici à l'oreille que la France déclare la guerre aux Hollandais. J'ai peine à le croire; cependant les oracles de la politique l'affirment, à ce qu'on prétend, et je m'en tiens sur ce sujet à la foi de mon curé.
On croit la paix sur le point de se faire, parce que le prince de Lichtenstein s'est absenté de Vienne, et qu'on soupçonne qu'il est allé au camp prussien pour déterminer V. M. à ne point écouter les propositions de la France, et à recevoir la Basse-Silésie,