52. DU MÊME.

Breslau, 26 avril 1741.



Sire,

Il paraît une nouvelle édition de l'Antimachiavel publié par Voltaire, dans laquelle on a inséré ce qui avait été retranché de la première. La traduction allemande faite à Göttingue paraît ici.

Dans la feuille hebdomadaire que le chevalier de Mouhy comptait de faire imprimer à Berlin, et qu'on refuse d'imprimer, il y a les paroles suivantes : « M. le B. de Chambrier . . . eut audience la semaine dernière du Roi, lui rendit une lettre de la part de son maître, et fit à S. M. le détail de l'affreuse conspiration que le roi de Prusse a découverte heureusement. Le projet des conjurés était de se défaire de ce monarque à la première occasion favorable, ou de l'enlever, s'ils pouvaient. Plus de soixante personnes étaient de concert pour cet odieux projet; c'est leur nombre qui les a rendus suspects ... Le chef des conjurés était chargé de lettres en chiffre dont on l'a obligé de donner la clef. Cette affaire fait un bruit épouvantable. Le roi de Prusse a donné ordre à tous ses ministres dans les pays étrangers d'en faire connaître l'horreur. Le criminel a été remis sous une garde sûre, et le roi de Prusse a obtenu du collége électoral qu'il serait jugé à la diète de Francfort, où toutes les pièces justificatives seront examinées par les électeurs assemblés pour en faire la justice qui conviendra. »

« <101>Le roi d'Angleterre a fait publier que cette conspiration avait été supposée par le roi de Prusse, de concert avec le duc de Bavière, pour perdre le grand-duc de Toscane dans l'esprit des électeurs et de toute l'Europe, pour le frustrer de la couronne impériale, à laquelle il semblait qu'il aurait été appelé; mais il y a bien peu d'apparence. L'on attend des lettres de Vienne, qui doivent nous instruire des moyens que la reine de Hongrie mettra en usage pour sauver au Grand-Duc la honte dont cette action affreuse le couvrira, si l'on ne parvient pas à faire connaître la fausseté de cette ignominieuse accusation. »

On a chanté le Te Deum à Vienne; j'ai fait sur-le-champ ce quatrain à l'ouïe de cette nouvelle.

Croyez-vous que pour la victoire
Le Te Deum à Vienne s'est chanté?
Non, mais Neipperg à Dieu donne la gloire
D'un grand péril promptement évité.

Dieu conserve V. M.! Je ne fais plus d'autre prière, c'est mon Pater de tous les jours.

J'ai l'honneur d'être, etc.