2. AU FELD-MARÉCHAL DE KALCKSTEIN.

Camp de Prossnitz, 21 juin 1758.



Mon cher maréchal,

Une suite de fatalités qui me poursuit depuis quelques années vient de m'enlever un frère que j'ai tendrement aimé, malgré les chagrins qu'il m'a causés.393-a Sa mort m'impose le triste devoir d'avoir soin de ses enfants et de leur tenir lieu de père. Mon éloignement, et les grandes affaires dont je suis chargé, m'empêchent de vaquer à leur éducation; mais je vous conjure, par le fidèle attachement que vous avez toujours eu pour mon père et pour l'État, et par l'amitié que vous avez eue pour le défunt, et que je me flatte que vous avez pour moi, d'avoir l'œil sur l'éducation de ces pauvres enfants. Vous savez de quelle conséquence il est pour quelques millions d'âmes qu'ils soient bien élevés, <353>avec des principes d'honnêtes gens et des sentiments conformes à notre gouvernement. Quoique votre santé soit faible, j'espère, mon cher maréchal, que, en bon patriote, vous voudrez, dans mon absence, accomplir mes devoirs. Cela ajoutera une obligation éternelle à tant d'autres obligations que je vous ai, et augmentera encore la haute estime et la reconnaissance avec laquelle je suis,



Mon cher maréchal,

Votre fidèle ami,
Federic.


393-a Voyez, t. IV, p. 150-154, et 252.