104. DU COMTE ALGAROTTI.
Bologne, 25 janvier 1757.
Sire,
La lettre que Votre Majesté a daigné m'écrire en dernier lieu est bien honorable pour moi, et j'ose dire qu'elle n'est pas moins glorieuse à V. M. Les bontés que V. M. me marque sont égales à la grandeur d'âme qu'elle y fait paraître,
Nil actum reputans si quid superesset agendum.aJe vois bien que c'est le mot de V. M., mot dont elle remplira bien scrupuleusement toute l'étendue. A un prince qui a tous les talents et toutes les vertus, tel que V. M., il ne faut que l'occasion. Vos ennemis, Sire, vous l'ont présentée, et vous, malgré eux, vous allez vous faire plus grand que jamais.
105. DU MÊME.
Bologne, 16 mai 1757.
Sire,
Je sais bien que Votre Majesté ne veut pas encore qu'on la félicite, nonobstant les grandes choses qu'elle vient de faire,
Nil actum reputans si quid superesset agendum.Il nous semble pourtant, à nous autres, qu'entrer en Bohême en cinq colonnes, vis-à-vis d'un ennemi qui y a toutes ses forces rassemblées, pour faire une guerre offensive, le battre en deux endroits, le mettre en fuite dans les autres, lui prendre ses principaux magasins, le forcer de quitter son fameux camp de Budin, le recogner sous Prague, dont il sera probablement obligé de décamper, faute de vivres, et de vous abandonner toute la Bohême,
a Lucain, Pharsale. chant II, v. 657. Voyez t. X, p. 288.