<116>tant de destinées diverses, la fin de la campagne a tourné de la façon dont vous l'aviez prévu. Sur quoi je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.

119. DU COMTE ALGAROTTI.

Bologne, 5 décembre 1758.



Sire,

Annibal a vaincu Marcellus et Fabius. Jamais plus belle guerre n'a été jouée. Il me semble, Sire, s'il est permis aux mortels de raisonner sur les beaux faits des dieux, que l'affaire de Hochkirch est encore plus glorieuse pour V. M. et pour les troupes que V. M. a su former que la victoire même de Zorndorf. C'est grand dommage qu'une aussi glorieuse journée ait été marquée par la mort de tant de braves gens, et surtout du maréchal Keith. Je suis bien sûr que V. M. l'aura honoré de ses larmes. Mais quoi de plus beau, Sire, que la fin de la campagne? Dans le temps que ses ennemis nourrissaient the most sanguine hopes, comme l'expriment les bons amis de V. M., voilà que, par les marches les plus savantes et les mieux concertées, par le plus beau contrapunto de la guerre, V. M. a fait tout d'un coup aller en fumée tous leurs beaux projets; et même elle leur fait sentir de nouveau la pesanteur du corps prussien. Permettez-moi, Sire, d'applaudir à ces nouveaux triomphes, comme j'ai pris la liberté d'applaudir à celui que V. M. a obtenu contre les Russes. Dans la grande journée de Zorndorf, qui sera chantée par la voix du temps, V. M. a entrelacé les lauriers de Henri IV à ceux de Louis XII; elle a joint au titre de Henri celui de Père de la patrie.