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120. AU COMTE ALGAROTTI.

Breslau, 4 janvier 1759.

Je ne mérite pas toutes les louanges que vous me donnez; nous nous sommes tirés d'affaire par des à peu près. Mais, avec la multitude de monde auquel il faut nous opposer, il est presque impossible de faire davantage. Nous avons été vaincus, et nous pouvons dire comme François Ier : Tout a été perdu, hors l'honneur. Vous avez grande raison de regretter le maréchal Keith; c'est une perte pour l'armée et pour la société. Daun avait

............................ saisi l'avantage
D'une nuit qui laissait peu de place au courage.a

Mais, malgré tout cela, nous sommes encore debout, et nous nous préparons à de nouveaux événements. Peut-être que le Turc, plus chrétien que les puissances catholiques et apostoliques, ne voudra pas que des brigands politiques se donnent les airs de conspirer contre un prince qu'ils ont offensé, et qui ne leur a rien fait. Vivez heureux à Padoue, et priez pour des malheureux apparemment damnés de Dieu, parce qu'ils sont obligés de guerroyer toujours. Sur quoi je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.

121. DU COMTE ALGAROTTI.

Bologne, 20 février 1759.



Sire,

Tandis que Votre Majesté ouvre le plus grand théâtre militaire, on ne songe, dans cette partie de l'Italie, qu'au théâtre de la comédie et de l'opéra. On a projeté, à Parme, de prendre ce qu'il y a de bon dans l'opéra français, de le mêler au chant italien, et de donner des spectacles dans le goût de ceux qui ont fait tant


a Mithridate, par Racine, acte II, scène III. Voyez t. XV, p. 11.