<128>chose que pour y soigner votre santé, comme dit la chanson du pape. Vous obligera-t-elle de renoncer à l'Allemagne et aux climats hyperboréens? Quoi qu'il en soit, je vous souhaite beaucoup de bonheur.
Les faits arrivés dans cette guerre ne méritent guère la peine de passer à la postérité. Je ne me crois ni assez bon général pour qu'on écrive mon histoire, ni assez bon historien pour publier des ouvrages. Je n'ai eu que trop de regret à voir paraître des pièces que je n'avais travaillées que pour moi, et que la méchanceté et la perfidie d'un malheureux a publiées, en les altérant;b mais vous en aurez été déjà assez informé. Je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.
137. DU COMTE ALGAROTTI.
Pise, 9 mars 1764.
Sire,
La récolte, Sire, a été si mauvaise en tout genre, cette année, dans les pays méridionaux, qu'il semble que les boutargues s'en soient ressenties aussi. J'ai pris la liberté, Sire, d'en faire envoyer à V. M. une douzaine. Mais je dois lui demander le plus humblement pardon, si elles ne se présentent pas devant V. M. avec une taille aussi avantageuse qu'à l'ordinaire.
Pouvais-je au moins, Sire, me présenter, moi malingre! Mais, depuis quatre mois, je n'ai eu qu'un petit intervalle de santé dans le peu de temps que M. le comte de Woronzow a passé ici, à Pise. J'en ai profité, Sire, pour voir un homme qui est si fort attaché à V. M., qui a pour elle les sentiments de la plus haute admiration. Il est tout simple que ceux qui sont le plus au fait des affaires, et voient les choses de plus près, admirent le plus V. M., comme les anges et les archanges, qui ap-
b Voyez t. X, p. 11.