7. AU MÊME.
Charlottenbourg, 3 juin 1740.
Mon cher Algarotti, mon sort a changé. Je vous attends avec impatience; ne me faites point languir.
Federic.
Ce 3 juin an de salut 1740, quatrième jour du règne de mon adorable maître.
Venez, Algarotti, des bords de la Tamise,
Partager avec nous notre destin heureux.
Hâtez-vous d'arriver en ces aimables lieux;
Vous y retrouverez Liberté pour devise.
Ceci doit vous faire entendre que depuis quatre jours Frédéric II a succédé à Frédéric-Guillaume.
Tout son peuple avec nous ne se sent pas de joie.
Lui seul, en tendre fils, à la douleur en proie,
Peu sensible aux attraits d'un destin si flatteur,
Mérite d'être aimé, de régner sur ton cœur.
Ne gaudia igitur nostra moreris. Algarotti venturo, Phosphore, redde diem.a
Mille et mille compliments au digne mylord Baltimore. Je le salue par tous les cinq points de géométrie.
Le Roi s'est déclaré maçon, et moi de même, à la suite de mon héros. Considérez-moi comme un maître maçon.
Le Roi a commencé par répandre ses bienfaits sur son peuple; il le nourrit, et ne fait, de jour à autre, que de donner à pleines mains. Après cela, parlez-moi de Titus. Venez bientôt.
Votre tendre ami et serviteur,
Baron Keyserlingk.
a Imité de Martial, liv. VIII, ép. 21, Ad Luciferum.