<177>plus stupide des hommes. Je prends la liberté de vous envoyer une petite brochure sur les affaires du temps.a C'est l'aboiement d'un épagneul pendant qu'un gros tonnerre gronde, qui empêche de l'entendre. Cependant il faut de temps en temps réveiller le public de sa léthargie, et l'obliger à faire des réflexions. Ces semences ne produisent pas d'abord; quelquefois elles portent des fruits avec le temps. Il faut convenir que le terrain est mal préparé pour les recevoir; mais cela fait toujours quelque petit effet. Vous me trouverez peut-être tout aussi impertinent que mylord Bolingbroke; on disait de lui qu'il n'amusait madame de Villette, qui devint ensuite sa femme, que par des papiers politiques qu'il faisait imprimer dans le Craftsman. Je vous rends encore mille grâces, madame, de la bonté, de la politesse et de la générosité avec laquelle vous avez daigné vous prêter à toutes mes vues. Si j'avais du crédit au ciel, vous seriez la plus heureuse princesse d'Allemagne. Contentez-vous de mes vœux et des sentiments de la plus haute estime avec laquelle je suis,
Madame,
de Votre Altesse
le très-fidèle cousin et serviteur,
Federic.
14. A LA MÉME.
(Freyberg) ce 10 (mars 1760).
Madame,
J'ai reçu avec beaucoup de reconnaissance la lettre qu'il vous a plu de m'écrire. Comme l'incluse ne contient proprement qu'une annonce de son voyage et de ses passe-ports, je crois qu'il vaut mieux de n'y point répondre, pour ne point multiplier les écritures. Je ne doute pas, madame, de la bonté du choix que vous avez fait; la personne, à la vérité, m'est inconnue, mais je me rapporte bien à votre pénétration et à votre discernement. Je
a Relation de Phihihu, émissaire de l'empereur de la Chine en Europe. Voyez t. XV, p. 159 à 174.