<187>avec son épée, et sa toque, et son armée, au faubourg de Dresde. Selon toutes les apparences, ce mois-ci se filera jusqu'à sa fin sans qu'il y ait grande effusion de sang. Je ne vous réponds pas du reste, moi, qui ne vois guère au delà du bout de mon nez.

Daignez, madame, être persuadée de tous les sentiments que vous m'inspirez, surtout de la reconnaissance avec laquelle je ne cesserai d'être,



Madame,

de Votre Altesse
le très-fidèle cousin et serviteur,
Federic.

21. A LA MÊME.

(Schlettau, près de Meissen) ce 17 (mai 1760).



Madame,

J'ai reçu aujourd'hui la lettre du 8 que vous avez eu la bonté de m'écrire. Si vous vous confiez à ma sincérité, je puis vous en répondre; mais si c'est à mon habileté, vous pourriez vous y tromper. Je vous donne, madame, les conseils que je me donnerais à moi-même; c'est tout ce que je puis faire. Vous savez que les projets des hommes et les événements ne s'accordent que rarement, et que notre prudence, resserrée dans des bornes étroites, n'a guère de prise sur l'avenir. Cet avenir est à présent à nos yeux plus obscur que jamais. Je ne sais si le jeune Mercure pourra le débrouiller d'un coup de son caducée; il faut toujours l'espérer à bon compte. Les paquets qui se trouvent pour lui entre vos mains, madame, sont dans le sanctuaire. Ils étaient relatifs à sa première mission, et, si vous daignez les garder jusqu'à son retour, ils lui seront toujours assez tôt rendus.

Permettez que je ne vous réponde pas sur l'article du hasard. C'est une question métaphysique qui me mènerait trop loin. Il est sûr que le bien est sur la terre, mais malheureusement le mal