<237>avoir échappé à la couronne du martyre, j'ai pris une si grande aversion pour tout ce qui est couronne, depuis celle d'épines jusqu'à la triple tiare de l'imposteur des imposteurs, que même je suis excédé d'en entendre parler. Oui, madame, je m'en vais en Silésie pour appliquer des emplâtres aux provinces blessées, et guérir, si je puis, les profondes plaies que nous a faites la guerre. Mais, quelque part que je sois, mon cœur vous servira de tabernacle, et je porterai en tout lieu le souvenir de ma chère duchesse et les regrets de ne pouvoir pas jouir de sa présence aussi souvent que par le passé. Recevez avec votre indulgence ordinaire les assurances de la parfaite estime et du dévouement avec lequel je suis,
Ma chère duchesse,
Votre fidèle cousin et serviteur,
Federic.
56. A LA MÊME.
Berlin, 7 avril 1764.
Madame ma cousine,
J'ai reçu, ma chère duchesse, votre lettre à mon retour de Silésie, et j'ai ressenti, en la lisant, le plaisir que tout me fait ce qui vient de votre part. Vous m'envoyez en même temps une lettre sur laquelle vous me demandez mon sentiment. Je suis assez embarrassé que dire sur ce sujet. Si vous avez déjà pris un parti, madame, c'est à moi de me taire; sinon, je vois ce qu'il y a pour et contre le mariage dont il est question. Le pour est l'intérêt d'établir la princesse votre fille, mais de l'établir loin de vous, de la marier à un homme que vous ne connaissez point, et où vous ne la reverrez jamais. Le contre consiste à faire changer de religion à une princesse, petite-fille d'Ernest le Pieux, et d'une maison que les protestants ont toujours regardée comme une des colonnes de leur parti, sans compter l'espèce de mépris que s'attirent ceux qui font une pareille démarche. Henri IV a dit que Paris