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69. A LA MÊME.

(Potsdam) 17 février 1766.



Madame ma cousine,

Quoiqu'il y ait bien de l'incongruité au sieur Grimm de vous adresser, madame, des paquets pour votre serviteur, je lui sais néanmoins gré de l'obligeante lettre qu'il m'a procurée de votre part. Ne croyez pas, ma chère duchesse, que votre souvenir soit de ceux qui s'effacent légèrement de l'esprit d'un honnête homme. Si je ne vous ai pas importunée par mes lettres, c'est que j'ai respecté la fluxion qui vous afflige la vue, c'est que je n'ai eu à vous écrire que des balivernes, et que des fadaises peuvent plaire un moment et ennuyer à la longue; c'est, enfin, qu'il n'est pas convenable d'abuser de votre indulgence.

Nous avons eu ici des noces,a des deuils,b et un bout de carnaval, par connivence, pour amuser notre jeunesse. Nous avons eu ici beaucoup d'étrangers, parmi lesquels s'est distingué surtout le prince de Saarbrückc par ses manières et par son esprit. A présent, madame, nous attendons la fin de l'hiver et le beau temps, qui amènera des occupations différentes. Je souhaite que les vôtres soient toujours agréables, surtout que la déesse qui préside à la santé vous favorise et nous conserve vos jours précieux. Je m'y intéresse plus que personne, étant avec la plus haute estime,



Madame ma cousine,

de Votre Altesse
le fidèle cousin et serviteur,
Federic.


a Les noces du Prince de Prusse et de la princesse Élisabeth de Brunswic, le 14 juillet 1765.

b La margrave Sophie de Schwedt, sœur du Roi, était morte le 13 novembre 1765. Voyez ci-dessus, p. 181.

c Charles-Guillaume, prince héréditaire de Nassau-Saarbrück-Usingen.