20. AU MÊME.
Ottmachau, 17 janvier 1741.
J'ai commencé à régler la figure de la Prusse. Le contour n'en sera pas tout à fait régulier, car la Silésie entière est conquise, hors une misérable bicoque que je tiendrai peut-être bloquée jusqu'au printemps qui vient.
Toute cette conquête n'a coûté jusqu'à présent que la perte de vingt hommes et de deux officiers, dont l'un est le pauvre de Rége,a que vous avez vu à Berlin.
Vous me manquez beaucoup. Dès que vous aurez parlé d'affaires, vous voudrez bien me l'écrire. Dans tous ces soixante milles que j'ai faits, je n'ai trouvé aucun humain comparable au cygne de Padoue. Je donnerais volontiers dix lieues cubiques de terre pour un génie semblable au vôtre. Mais je m'aperçois que je vais vous prier de revenir me rejoindre, lorsque vous n'êtes pas encore arrivé. Hâtez-vous donc d'arriver, d'exécuter votre commission, et de revoler à moi. Je voudrais que vous eussiez le chapeau de Fortunatus; c'est la seule chose qu'on puisse vous souhaiter.
Adieu, cher cygne de Padoue; pensez, je vous prie, quelquefois à ceux qui se font échiner ici pour la gloire, et surtout n'oubliez pas vos amis, qui pensent mille fois à vous.
Federic.
21. AU MÊME.
Camp de Hermsdorf, 15 juin 1741.
Mon cher Algarotti, je vous attends avec bien de l'impatience, plus aise de vous posséder comme ami que de recevoir de vos lettres comme ministre. Vous êtes à présent à Lyon, où je vois votre esprit enrichi de tout ce que l'industrie des manufacturiers
a Voyez, t. XI, p. 313.