<36>De l'univers entier vous fixerez l'empire,
Et vos flots, teints du sang des belliqueux Germains,
Iront vers les deux mers annoncer les destins.
De Cadix à Vibourg, d'Albion à Messine,
Tout attend de nos bras sa gloire ou sa ruine.

Dans une crise de cette importance, vous me passerez, j'espère, quelque négligence dans mes vers. Il est bien difficile de toiser des syllabes et de faire mouvoir une machine plus compliquée que celle de Marly en même temps.

Maintenant je dois vous dire que, dans cette lettre que je vous avais adressée, mais que les hussards ont sans doute lue, je vous priais de m'envoyer un air de l'opéra de Lucio Papirio,a dont les paroles sont : All'onor mio rifletti, etc. Souffrez que je vous réitère la prière que je vous faisais de me l'envoyer.

Je vous crois encore à Dresde, occupé à entendre la Faustine, à converser ce jésuite par excellence, à manger maigre, et à faire tant bien que mal le catholique et l'amoureux zélé. Il ne faut point de vigueur pour l'un de ces métiers, et beaucoup de tempérament pour l'autre. Je souhaite que vous réussissiez en tous les deux, pourvu que vous n'oubliiez pas des amis absents qui rament à présent comme des misérables sur la grande galère des événements de l'Europe.

Je suis avec bien de l'estime votre admirateur et votre ami. Adieu.

F.

27. DU COMTE ALGAROTTI.

Dresde, 3 avril 1742.



Sire,

Voici l'air que Votre Majesté demande, et qui était assurément le plus beau de l'opéra. Il est grand et noble, et tel qu'il convient à la dignité d'un dictateur qui prêche la sévérité; et il tâche, par ses sons mâles et vigoureux, d'atteindre le vol majestueux de


a Opéra de Hasse, 1742.