<65>de savoir au juste quelques particularités là-dessus. Mais en même temps, Sire, je regarde cette espèce de foi que je trouve maintenant en moi-même comme un symptôme de ma maladie.
Mon impression ne va pas aussi vite que je le voudrais, mais autant qu'il m'est possible de la faire aller. Il paraît que mon imprimeur ait pris la devise : Festina lente.
Oserais-je demander à V. M., dont les instants valent les années des autres,a quelle Épître, quelle ode, quel poëme elle a maintenant entre les mains? Nous consumons notre vie à tourner quelques phrases, à arranger des mots; V. M., dans ses heures perdues, peut créer les plus belles choses, qui feront à jamais les délices de ceux qui sauront ce que c'est que de marier la philosophie la plus utile à la plus agréable poésie.
50. AU COMTE ALGAROTTI.
Potsdam, 12 septembre 1749.
Je suis bien aise de vous savoir aux eaux d'Éger. Je suis sûr qu'après la cure vous vous sentirez soulagé de beaucoup. Vous faites bien plus sagement que moi avec vos ouvrages : vous les limez, et, après, vous les faites imprimer; pour moi, j'imprime, je me repens, et puis je corrige. Vous me demandez ce que je fais. J'efface beaucoup. J'en suis à ma huitième Épître, et, pour n'y pas revenir si souvent, je les laisserai encore reposer toutes; je les reverrai dans quelque temps, ensuite de quoi on procédera à l'impression. Nous aurons cette après-dînée l'épreuve de Coriolan. Je pourrai vous en dire des nouvelles lorsque je l'aurai entendu.
Voltaire vient de faire un tour qui est indigne. Il mériterait
a « Les instants de Frédéric valent des années. » C'est par ces mots que se termine le discours prononcé par Maupertuis, en 1747, à l'occasion de l'anniversaire de la naissance du Roi. Voyez l'Histoire de l'Académie des sciences et belles-lettres. Année 1746. A Berlin, 1748, p. 10-16.