<67>gardant toujours un régime fort exact, et surtout le soir, où je ne soupe point du tout. Ce que V. M. m'a fait l'honneur de me mander touchant ce beau génie qui fait tant d'honneur au siècle me fait gémir sur l'humanité. L'embryon dont madame du Châtelet doit accoucher est charmant. V. M. donnerait bien de la besogne à plus d'un Plutarque, s'il fallait écrire toutes ses belles actions et recueillir tous ses bons mots.
Tartini me mande, Sire, que son meilleur écolier, Pasquale Bini, a été obligé de quitter le service qu'il avait à Rome, et qu'il en cherche ailleurs. Il a la confiance de s'adresser à moi pour que je tâche de placer un homme auquel il s'intéresse comme à un de ses meilleurs ouvrages. L'orchestre de V. M. est trop bien pourvu pour qu'il puisse aspirer à son service. J'ai cru pourtant, Sire, qu'il était du devoir d'un serviteur de V. M. de ne pas recommander ailleurs un tel homme, si recommandable par la supériorité de son talent, avant que V. M. sût qu'elle était la maîtresse d'en disposer.
52. DU MÊME.
Berlin, 17 septembre 1749.
Sire,
Le prince de Lobkowitz m'a invité, Sire, d'aller passer sept ou huit jours à Sagan; il soutient, Sire, que le mouvement du voyage et de la vie active que l'on mène chez lui fera beaucoup de bien à ma santé, et les médecins en conviennent. Ainsi, Sire, si V. M. a la bonté de l'agréer, j'irai prendre ce remède, qui ne sera point du tout amer comme le sont ceux de M. Lieberkühn. Je redoublerai, Sire, mes soins à mon retour, afin que mon impression aille plus vite encore, s'il est possible, et tâcherai de regagner le temps employé à cette cure, qui sera toute prise de la médecine gymnastique. Le temps s'étant mis au beau, j'espère que les eaux feront beaucoup de bien à V. M., quoique, Sire, la