<70>en continuant l'impression d'un ouvrage pour lequel je n'ai repris tant de fois le rabot et la lime que pour le rendre moins indigne de tout ce que renferme en soi le nom de Frédéric.

55. AU COMTE ALGAROTTI.

Potsdam, 25 septembre 1749.

Assidu courtisan du beau dieu de Cythère,
Du goût, des Grâces et des Ris,
Algarotti, qui savez plaire
Aux belles, aux savants, à tous genres d'esprits,
D'où vous vient cette hypocondrie
Que le médecin, par flatterie,
Appelle je ne sais comment?
Moi qui ne suis pas si savant,
Je pense que la maladie
Qui vous rend inquiet et rêveur,
Au lieu d'attaquer votre vie,
Ne s'attache qu'à votre cœur.
Oui, cette fièvre qui le brûle
Pendant la nuit, pendant le jour,
Paraît à mon œil incrédule
Certain mal qu'on nomme l'amour.
Que je suis irrité que ce mal vous excède!
Lorsqu'on possède vos talents,
Tant d'esprit et tant d'agréments,
Il ne tiendrait qu'à vous d'y trouver du remède.

Si vous ne vous trouvez pas mieux de votre voyage de Sagan, c'est que ce n'était ni à la chasse ni à Diane de vous guérir, mais à certaine déesse qui se manifeste dans les beaux yeux de la Denis,a qui avait jadis un temple à Gnide, et qui reçoit à présent un culte égal par l'hommage que tout homme sensible rend à la beauté. Je souhaite que vous ayez moins besoin de médecins que de maquereaux, de diète que de plaisir, et du galbanum des


a Danseuse de l'Opéra.