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58. DU COMTE ALGAROTTI.

Berlin, 28 novembre 1749.



Sire,

En exécution des ordres de Votre Majesté, j'ai travaillé avec M. Villati pour l'opéra de mars.a En voici, Sire, le plan rédigé selon les instructions et le canevas que M. Darget m'a envoyés par ordre de V. M. Le trop peu de temps que l'on a eu, vu la répétition qui s'est faite même hier au soir, n'a pas permis de copier le cahier que j'ai l'honneur d'envoyer à V. M., et où il a été nécessaire de faire des corrections ce matin. V. M. aura la bonté de le faire renvoyer avec ses ordres ultérieurs et les corrections qu'elle jugera nécessaires, afin que le poëte puisse procéder à la versification; il a déjà commencé à y mettre la main. Je lui ai fait sentir, au milieu de ses catarrhes et de ses fluxions, que l'âme et la célérité de César doivent passer, autant qu'il est possible, dans ses serviteurs. Je suis au désespoir, Sire, que la santé de V. M. ne réponde pas tout à fait à nos vœux, quoique j'espère, Sire, qu'à présent elle sera rétablie. V. M. ne sait peut-être pas, qu'elle me permette de le lui dire, combien cette santé est nécessaire au progrès des arts et des sciences, à la gloire de sa nation, au bonheur de l'Europe. Au nom de tout cela, Sire, je supplie V. M. d'en avoir ce soin qui soit proportionné à la conservation d'une santé aussi précieuse. M. Schmidt, que je viens de voir, est après les planches qui doivent orner ce livre, qui sera dans la bibliothèque d'Apollon, relié dans le cèdre. Il voit déjà japper dans sa chambre la levrette que V. M. veut bien lui donner, et se prépare à la dessiner et à la graver même.


a Phaéthon, paroles de Villati (d'après Quinault), musique de Graun. Cet opéra, qui devait être représenté le 27 mars, jour de naissance de la Reine mère, ne put être donné que le 29.