<76>le César de M. de Voltaire, refondue et telle que je voudrais qu'on la réimprimât à la première édition de ses œuvres. Il y est parlé du théâtre français, et si V. M., qui mérite une des premières places sur le Parnasse de cette nation, trouvait que ce que je dis de leur théâtre est juste, couvert de son égide, je ne craindrais aucune critique, l'abbé Desfontaines revînt-il en vie.
C'est peut-être téméraire à moi, Sire, d'oser interrompre le temps précieux de V. M. par de semblables bagatelles; mais elle a souvent la bonté de descendre jusqu'à nous, et je puis par là rendre compte d'une certaine façon à V. M. de la manière dont j'emploie mon temps à Berlin. Je fais des alternatives des exercices du corps et de ceux de l'esprit, et principalement du manége à l'étude. V. M. va rire; mais Boerhaave, ce grand docteur, alla au manége à soixante ans, et après une telle autorité, y allant par les mêmes raisons, je ne fais point difficulté d'y aller à l'âge de trente-sept ans. Et en effet, Sire, il serait trop ridicule si, montant à cheval pour donner du jeu au sang dans les anastomoses des vaisseaux capillaires, on allait se casser les vertèbres du cou. Le matin, depuis dix heures jusqu'à midi, et le soir, depuis neuf jusqu'à minuit, je travaille à des lettres qui roulent ou sur quelques matières philosophiques, ou sur la poésie, ou sur la peinture et les beaux-arts; et j'en ai bien une vingtaine de prêtes. Ce sont des lettres à la postérité, autant que des lettres à des amis; et si jamais elles sont rendues à leur adresse, ce qui me fait le plus grand plaisir, Sire, c'est qu'on y lira le nom de V. M., qu'on ne saurait pas plus taire en parlant de sciences et de beaux-arts qu'en parlant de guerre et de politique. Elles prouveront, autant que mes Dialogues, que j'ai eu le bonheur de voir V. M., et que j'ai su la voir.