74. AU COMTE ALGAROTTI.
(Février 1752.)
J'ai reçu deux de vos lettres, de la boutargue, des truffes, et des dédicaces de livres. Je vous remercie des boutargues, qui étaient admirables; les truffes ont paru aux connaisseurs semblables aux nôtres; et, quant aux dédicaces, il dépend d'un chacun de me dédier des livres ou de ne les point dédier. Je ne connais point l'auteur, et je crois que, s'il s'adressait au cardinal Quirini, son épître dédicatoire serait reçue avec plus d'empressement. Je vous avoue que je suis fort indifférent sur ce petit sujet de vanité, et que j'aime mieux vous voir ici que de lire la dédicace la plus louangère.
75. DU COMTE ALGAROTTI.
Potsdam, 11 avril 1752.
Sire,
J'ai l'honneur d'envoyer à Votre Majesté le plan de la maison de M. Wade, que M. Villiers vient de m'envoyer. Mylord Burlington me mande, Sire, qu'il a fait remettre à M. Michel, secrétaire de V. M. à Londres, le livre des Thermes de Palladio, et d'autres différents plans d'architecture, et je ne doute pas, Sire, que V. M. ne les ait incessamment. M. de Maupertuis me mande que, malgré la belle saison, il n'y a aucun changement en bien touchant sa santé. Il souhaiterait que je fisse un tour à Berlin, et j'espère que V. M. voudra bien que j'y aille voir un homme dont la cendre serait honorée des larmes de V. M.
Si V. M. daignait réfléchir pendant trois ou quatre minutes sur le sujet de l'operetta, nous serions sûrs, Sire, d'avoir deux heures d'un spectacle charmant. Je prendrais avec moi le canevas, et je ferais de mon mieux, Sire, pour que le poëte remplisse