79. AU COMTE ALGAROTTI.
Potsdam, 24 septembre 1752.
Je vous envoie ci-joint une réponse de ma part à la lettre du cardinal Quirini que vous m'avez fait tenir. Vous pourrez la lui envoyer, et le remercier encore en même temps de sa générosité et des sentiments qu'il veut bien me témoigner. Si ce cardinal Quirini n'est pas le premier cardinal de l'univers, l'auteur le meilleur à lire, le savant le plus agréable à fréquenter, il est toutefois un bon diable à qui l'amour-propre et le désir de l'immortalité font faire des actions charitables et utiles au genre humain. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.
80. AU MÊME.
Quoique je ne voie pas trop quelles affaires pressantes vous pouvez avoir chez vous, cependant je ne vous empêche point de faire le voyage d'Italie. Vous pourriez partir au mois de février et revenir à celui d'octobre 1753, y voir le cardinal Quirini, arranger vos affaires, passer à Herculanum ou bien où il vous plaira, revoir les lieux où Cicéron harangua, où écrivit Virgile, où soupira Tibulle, où rampa Ovide, et où des fainéants tonsurés donnent à présent des bénédictions auxquelles on ne croit guère.
81. DU COMTE ALGAROTTI.
Leipzig, 7 février 1753.
Sire,
Ce que Votre Majesté m'avait prédit touchant les mauvais chemins ne s'est vérifié que trop. M. Gröben, qui m'a joint à Dessau,