137. DU COMTE ALGAROTTI.
Pise, 9 mars 1764.
Sire,
La récolte, Sire, a été si mauvaise en tout genre, cette année, dans les pays méridionaux, qu'il semble que les boutargues s'en soient ressenties aussi. J'ai pris la liberté, Sire, d'en faire envoyer à V. M. une douzaine. Mais je dois lui demander le plus humblement pardon, si elles ne se présentent pas devant V. M. avec une taille aussi avantageuse qu'à l'ordinaire.
Pouvais-je au moins, Sire, me présenter, moi malingre! Mais, depuis quatre mois, je n'ai eu qu'un petit intervalle de santé dans le peu de temps que M. le comte de Woronzow a passé ici, à Pise. J'en ai profité, Sire, pour voir un homme qui est si fort attaché à V. M., qui a pour elle les sentiments de la plus haute admiration. Il est tout simple que ceux qui sont le plus au fait des affaires, et voient les choses de plus près, admirent le plus V. M., comme les anges et les archanges, qui ap<129>prochent la Divinité, en connaissent les perfections infiniment mieux que nous autres chétifs mortels.
Je suis avec le plus profond respect,
Sire,
de Votre Majesté
le plus humble et le plus obéissant serviteur,
Algarotti.146-a
146-a On lit au dos du manuscrit de cette lettre les mots suivants, de la main de Frédéric : « Catt y fera une réponse obligeante.Frd. »