27. DE MADAME DE CAMAS.
Le 1er novembre, à sept heures du soir.
Sire,
Votre Majesté est certainement plus habile médecin que le bon Lesser, quoique dans sa recette il n'y ait pas un mot de grec ni de latin; mais sa lettre a causé une satisfaction infinie à la Reine, dans les yeux de laquelle j'ai vu pour la première fois un peu de vivacité. L'ébullition est des plus fortes; j'y soupçonne même du pourpre, quoique le médecin veuille adoucir le terme. Il suit absolument les idées de V. M., ne donne point de médecine, et fait prendre beaucoup de thé à la Reine, en la faisant tenir au lit dans une transpiration égale. Je l'ai prié de mettre ses idées sur le papier ci-joint. Je ne connais point les termes de l'art, et je ne me fie pas à mes lumières. L'inquiétude où je suis me fait peut-être envisager les choses du mauvais côté; je ne puis être tranquille que quand la fièvre et l'oppression seront passées.
A l'égard de ma santé, que V. M. a la bonté de me recommander, je prendrai la liberté de lui dire que, depuis la ceinture en haut, cela va assez bien, mais que mes jambes ont souvent de la peine à me soutenir. C'est une vieille maison dont les fondements s'écroulent. J'espère cependant que, avant de tomber, j'aurai encore le bonheur de faire quelquefois une belle révérence à V. M., et de l'assurer de tout le respect et l'attachement imaginable.
V. M. me permettra, j'espère, de lui donner des nouvelles de la Reine jusqu'à son rétablissement.
S.-C. de Camas.