112. AU MARQUIS D'ARGENS.
Mars 1760.
On m'a envoyé mes sottises imprimées, telles qu'on les a débitées en France.a J'y ai trouvé beaucoup de traits qui ne conviennent pas à la politique; je les ai tous changés le mieux que j'ai pu, et les envoie, avec un volume corrigé, à Néaulme, pour qu'il les imprime. Je vous prie de dire au petit Beausobre qu'il ait soin que l'édition soit correcte, sans quoi ce sera sans fin à recommencer. Comptez que c'est par malice que l'on a fait imprimer cet ouvrage, pour aigrir contre moi peut-être le roi d'Angleterre et la Russie; c'est pourquoi il est très-nécessaire que cette édition paraisse, et fasse tomber les autres. Je suis malheureux et vieux; voilà, mon cher marquis, pourquoi l'on me persécute, et Dieu sait quel avenir m'attend pour cette année. Je crains de ressembler à la malheureuse Cassandre par mes prophéties; mais comment augurer bien de la situation désespérée où nous sommes, et qui ne fait qu'empirer? Je suis si fort de mauvaise humeur aujourd'hui, que je ne saurais vous en dire davantage. Adieu, cher marquis; je vous embrasse.
P. S. J'espère de faire partir demain le livre en question, et il faut que Néaulme se presse.
113. AU MÊME.
(Freyberg) 20 mars 1760.
Oui, mon cher marquis, j'ai fait des fautes, et le pis est que j'en ferai encore. N'est pas sage qui a envie de l'être. Nous restons toute notre vie tels à peu près que nous sommes nés. Ce qu'il y
a Ce fut le matin du 17 mars 1760 que l'exemplaire de l'édition de Paris envoyé par J.-H. Schneider, libraire à Amsterdam, parvint à Frédéric.