120. AU MARQUIS D'ARGENS.
Avril 1760.
Le vers de l'Épître au maréchal Keith peut être corrigé ainsi; alors il n'y a qu'un mot de changé :
Allez, lâches humains, que les feux éternels, etc.a
Voici la stropheb que vous réprouvez, telle que je l'ai corrigée :
Ah! si ce sang coulait, comme au temps de vos pères,
Pour abaisser l'orgueil de ces rois sanguinaires,
De ces usurpateurs dont le fer s'est soumis
De vos vastes États les plus riches provinces.
Rivaux toujours jaloux, éternels ennemis
De votre liberté, de vos droits, de vos princes!
Mais vos cruels armements
Souillent vos bras parricides,
Guidés par les Euménides,
Du meurtre de vos parents.
Voilà, mon cher marquis, tout ce que j'ai pu faire pour votre service. A présent le démon de la guerre chasse celui de la poésie, et le nombre de mesures et d'arrangements à prendre absorbe presque tout mon temps. Je vous rends grâces des soins que vous prenez pour cette édition qui fait tant crier; j'espère que la nouvelle adoucira tant soit peu les esprits, sinon je m'en console, et je ne m'en pendrai pas de désespoir. Adieu, mon cher; je vous embrasse.
a Voyez t. X, p. 236.
b Cette strophe fait partie de l'ode aux Germains. Voyez t. XII, p. 20.