<219>de la flotte anglaise me paraît s'accorder avec la retraite des Français. La facilité avec laquelle se font vos levées contribuera encore à la paix. V. M. ne me dit rien de l'échange; l'on dit ici qu'il aura lieu; mais quel fond peut-on faire sur les gazettes, qui nous l'annoncent comme étant commencé? Je prends la liberté d'envoyer à V. M. le compte des deux médailles d'ora que M. Eichel doit lui avoir remises. C'est M. Sulzer, le chef des souscrivants, qui me l'a donné, et qui, ayant avancé l'or, aurait besoin d'être remboursé pour avoir de quoi battre les médailles d'argent. Il y avait trente et un ducats d'or à chaque médaille, et puis il y a vingt-cinq écus de la monnaie courante d'aujourd'hui pour la souscription du coin. Je prie V. M. de me faire savoir où cet argent doit être compté, parce qu'il a été avancé sur les fonds que nous avions des souscripteurs, et l'on ne peut pas aller en avant sans cette somme.
Je comptais envoyer par ce courrier la tragédie de Tancrède, de Voltaire. La versification m'en paraît très-faible et prosaïque, les situations romanesques et souvent contraires à la raison; il y a des endroits touchants et quelques beautés de détail. Il a dédié sa pièce à la Pompadour; cette Épitre dédicatoire est l'ouvrage d'un vrai faquin. Cet homme devient tous les jours plus méprisable. Je ne puis avoir cette tragédie que demain; l'exemplaire que j'ai lu ne m'appartenait pas, mais j'enverrai par le premier courrier celui que doit m'apporter un libraire.
Je suis bien charmé que V. M. soit contente de l'Histoire de de Thou. C'était un homme rempli de bon sens, ayant de la probité et des connaissances, et voilà les principales qualités qu'il faut dans un historien. J'ai l'honneur, etc.
a Il s'agit ici des médailles que le Roi donna au colonel von der Heyde (le 22 mars 1761) et au général de Werner, pour avoir sauvé la forteresse de Colberg. Voyez t. V, p. 89 et 90, et t. XVII, p. x, no XI, et p. 397.