<225>d'Amyot.a Je prendrai la liberté de me servir de votre copiste; je le logerai chez moi, où il sera, pour me servir du vers de Regnard,
Alimenté, rasé, désaltéré, porté.bJe compte passer cet été dans une maison de campagne à cinq milles de Berlin, et travailler dans la plus grande tranquillité. Mon hôte s'est aussi avisé de vendre à Berlin la maison que j'habite, et, puisqu'il faut que je déloge, je ferai transporter tout de suite mes meubles à Potsdam; et, quant à moi, j'ai accepté l'offre qu'on m'a faite de me donner une maison de campagne entre Potsdam et Barnewitz, où je pourrai me promener et respirer un bon air. V. M. ne doit pas être inquiète sur les lettres que j'aurai l'honneur de lui écrire. Voici, jusqu'à ce que j'aie le bonheur de la revoir, la dernière où je lui parlerai d'autre chose que de littérature. Lorsque je partirai pour la campagne, dans douze ou quinze jours, j'aurai l'honneur de le faire savoir à V. M. Elle pourra toujours m'adresser ses lettres à Berlin; le maître de poste me les enverra à Barnewitz, dont je ne serai éloigné que d'un quart de mille. J'ai l'honneur, etc.
171. AU MARQUIS D'ARGENS.
(Hausdorf) 13 mai 1761.
J'ai bien des nouvelles à vous apprendre, mon cher marquis, et, pour satisfaire votre curiosité, je commence par la politique. Les Français et leurs alliés ont enfin lâché leur déclaration à Londres, avec cette différence de celle qui nous est venue de Suède, que les Français offrent aux Anglais une suspension d'armes, et que les barbares et les Avares se contentent de proposer un congrès à
a Jacques Amyot, l'éloquent et naïf traducteur de Plutarque, naquit en 1513, et mourut en 1593.
b Le Joueur de Regnard, acte III, scène IV.