<263>Mais tout fut dit, il ne joua plus.a J'ai composé une Épître sur la méchanceté des hommes,b une autre sur un sujet plus relatif à mes circonstances,c une ode sur la mort de mon neveu, tué cet été par les Français.d D'ailleurs, il fait si mauvais temps! et, dans la saison qui court, il n'est pas étonnant que l'on penche à la mélancolie. Votre Épicure est plus gai que mon Zénon; mais, quand on a de mauvaises jambes, on prend le premier bâton qu'on trouve pour s'appuyer. Marc-Aurèle est mon bâton, je m'en sers; s'il ne me rend pas de bonnes jambes, il m'aide à me traîner, et cela suffit. Adieu, mon cher marquis; je ne veux point vous communiquer ma mélancolie, qui devient facilement épidémique. Je souhaite d'apprendre de vos bonnes nouvelles; je vous donnerai des miennes lorsque je le pourrai, en vous assurant que je vous aimerai et que je vous estimerai toujours.
199. DU MARQUIS D'ARGENS.
Berlin, 12 novembre 1761.
Sire,
Je prends la liberté d'envoyer à Votre Majesté le livre dont j'ai eu l'honneur de lui parler dans ma dernière lettre. Que le grec et le latin que V. M. verra dans cet ouvrage ne la dégoûtent pas; je lui dirai que cela ne doit point embarrasser ceux qui n'entendent pas ces langues; tous les passages cités sont fidèlement traduits, et le sens est toujours lié, indépendamment des citations grecques et latines. On peut lire cet ouvrage en français sans trouver aucune interruption, et avec la même facilité que s'il n'y avait ni grec ni latin.
a Voyez le Conte du Violon, t. XII, p. 233 et 234.
b Voyez t. XII, p. 198-207.
c Le Stoïcien, comme on le voit par les quatre vers que le marquis d'Argens cite dans sa lettre du 24 novembre 1761. Voyez t. XII, p. 208-218.
d Voyez t. XII, p. 33-39.