<288>que je pourrais en faire un gros volume in-folio. Je voudrais bien vous en écrire ici quelques-unes, mais j'attends pour cela votre première lettre. J'ai encore besoin d'un élixir qui achève de rétablir entièrement mes forces. Je ressemble à ces malades qui, ayant été longtemps entre la vie et la mort, ont peine à se persuader qu'ils n'ont plus de rechute à craindre. J'attends donc encore une ou deux lignes de V. M. pour me livrer entièrement à cette joie vive qui nous fait goûter dans ce monde terrestre les plaisirs que les dévots se promettent dans le céleste. Il dépend donc, Sire, de V. M. de me mettre au rang des bienheureux et de me canoniser tout vivant, chose que tous les papes du monde ne sauraient faire. J'ai l'honneur, etc.

217. AU MARQUIS D'ARGENS.

Breslau, 11 février 1762.

J'avoue, mon cher marquis, que la hâte de vous communiquer une bonne nouvelle a peut-être été cause que je l'ai trop étranglée, et que vous n'avez pas pu jouir en détail de ce quelle contient d'agréable. Je puis facilement satisfaire votre curiosité sur ce point pour assurer entièrement le calme de votre âme et pour avoir le plaisir de vous faire lire six fois ma lettre. Vous saurez donc que l'empereur de Russie est aussi porté pour nos intérêts que le pourrait être le meilleur bourgeois de Berlin, et que nous allons faire tout de suite la paix et peut-être une alliance, ce qui nous débarrasse, d'un coup de filet, de cette infâme horde de barbares qui nous désolait et, par bricole, des Suédois, dont nous allons être quittes par conséquent. Il nous reste encore les Autrichiens, les cercles et messieurs vos compatriotes. C'est plus qu'il ne nous en faut, et vous comprenez qu'il nous faut encore la bonne nouvelle d'une diversion pour nous débarrasser de ce tas d'ennemis si incommodes et si dangereux. J'attends les assurances de cette diversion, qui m'ont déjà été données, mais dont