<30>resté à Paris, quoiqu'il fût pressé par les directeurs de l'Opéra d'entrer à leur service, il a toujours parlé avec le respect le plus profond de tout ce qui peut avoir le moindre rapport à V. M. J'ai voulu savoir si, pendant mon absence, il aurait commis quelque faute; j'en parlai hier à M. de Cham- brier. Voici les propres termes du ministre de V. M. : « Il faut que je rende justice à Teissier; il est bien différent des autres. Il m'est toujours revenu qu'il avait parlé avec tout le zèle possible de Berlin et du Roi; c'est un témoignage que je dois à la vérité, et que je serais charmé de lui rendre, si le Roi me le demandait. » Cette réponse de M. de Chambrier, Sire, m'a déterminé à vous écrire à ce sujet, d'autant qu'il ne faut pas que je cache à V. M. que nous avons grand besoin de Teissier. Tout ce que nous avons engagé ici en hommes est mauvais; il n'y a que Sodi de bon. Tout le reste ne vaut pas Giraud, à beaucoup près; c'est ce qu'elle verra elle-même dans peu. V. M. demandera peut-être pourquoi j'ai souffert que Petit engageât des sujets si médiocres. Je lui répondrai que je n'étais pas à Paris lorsqu'il les a arrêtés, et que même si j'y avais été, j'aurais fait comme lui, puisque la brièveté du temps, et la nécessité d'avoir un ballet pour l'Opéra cet hiver, ne laissait pas la liberté du choix. Ainsi l'on a été obligé de se contenter de ce que l'on n'aurait pas arrêté dans un autre temps. Si j'avais osé prendre quelque chose sur moi, j'aurais voulu faire avec ces gens des engagements pour un temps plus court, quoique, à parler naturellement, je croie que la plupart d'entre eux se donneront à eux-mêmes leur congé dans moins de deux ans. Si je connaissais un autre danseur sérieux qui approchât de Teissier, j'appuierais moins, Sire, sur l'article de son rappel; mais je suis fâché que nous laissions aux Parisiens un homme si difficile à remplacer, et qu'ils destinent, dans leur Opéra, à succéder à Dupré dans quelque temps; et il est vrai qu'il a été très-goûté.
La Caroline n'a point voulu partir pour huit mille francs; elle en demande dix. Je dois encore avertir V. M. qu'elle avait été sans doute trompée par le nom de Caroline. Vous avez cru, Sire, que c'était sa sœur aînée, la comédienne, qui plaît infiniment à Paris; c'est sa cadette, qui n'est encore qu'un enfant.