227. AU MARQUIS D'ARGENS.
(Breslau) mars 1762.
Votre lettre, mon cher marquis, m'a trouvé avec la fièvre; c'est une récidive d'une fièvre épidémique qui court ici la ville, et dont Catt pourra vous faire la description. Vos deux nouvelles de Paris ont bien le caractère de la frivolité, déesse de ce pays. Cependant je ne crois pas que madame Romans accouchant à Versailles aurait fait chasser la Pompadour, parce que le roi de France est un homme d'habitude, et qu'il a placé sa confiance dans cette femme-là, qui, depuis sept ou huit ans, gouverne son royaume à sa satisfaction; et, quand même cette malheureuse serait chassée, ne pensez pas que j'y gagnasse grand' chose. Il s'est formé dans ce pays-là une faction saxonne, qui me serait également contraire. Quelle petitesse de la cour de faire le procès à des polissons qui ont applaudi à ce vers de Tancrède! En vérité, tout cela est bien misérable, de même que ce contraste du conseil et du parlement pour et contre les jésuites. Mais, mon cher marquis, ma tête est si faible, que je ne puis vous en dire davantage, sinon que l'empereur de Russie est un homme divin, auquel je dois ériger des autels. Adieu, mon cher marquis; je n'en puis plus.
228. DU MARQUIS D'ARGENS.
Berlin, 26 mars 1762.
Sire,
J'ai eu la douce satisfaction de pouvoir parler pendant deux heures de suite de V. M. avec M. Catt, qui a bien voulu contenter ma curiosite et répondre à toutes mes questions. Combien de fois ne vous ai-je pas plaint! Mais j'en revenais toujours à dire : Enfin, grâce au ciel, tous ces maux sont passés, et il ne nous