<319>content lorsque je l'en verrai délivrée! Quant à moi, inutile fardeau de la terre, je passe ma vie à souhaiter la paix, à étudier des choses peu agréables et à apprendre des mots.
Les jésuites sont renvoyés de la cour, en France, leurs colléges entièrement supprimés, leurs novices renvoyés, et l'on parle de leur exil total du royaume comme d'une chose qui doit arriver au mois d'août. Je croirais volontiers que le ministère a découvert quelques manœuvres de ces honnêtes gens, qui sont inconnues au public et qu'on veut garder dans le silence. Il est certain que, deux jours après l'assassinat du Roi, deux jésuites furent mis à la Bastille, et l'on n'a plus su ce qu'ils étaient devenus. Ajoutez à cela que, lorsque Damiens vint à Paris,b il sortait de chez les jésuites d'Arras. Que ferez-vous, à la paix, de tous ces insectes venimeux? Les princes catholiques vous donnent un bel exemple.
Je ne vous dis tout ceci, Sire, que pour vous faire penser à l'aventure qui vous est arrivée la campagne dernière. Je ne comprends pas pourquoi l'on n'a pas déjà condamné et puni en effigie ce misérable Warkotsch. Votre trop grande douceur me fait souvent enrager; les méchants ont besoin d'être contenus par la crainte. J'ai l'honneur, etc.
243. AU MARQUIS D'ARGENS.
(Bettlern) 20 mai 1762.
Je vous donne part, mon cher marquis, comme je vous l'ai promis, des bonnes nouvelles que j'ai reçues de Russie. Schwerin vient d'arriver,a nous apportant non seulement l'acte authentique de la paix, mais encore une alliance par laquelle notre divin empereur me garantit toutes mes anciennes possessions et les conquêtes que je pourrais faire, avec un secours de troupes considé-
b Damiens blessa Louis XV le 5 janvier 1757. Voyez t. IV, p. 116 et 117.
a Voyez t. V, p. 177 et 192.