<366>plus calme, je reprendrai ma traduction de Plutarque; j'en ferai imprimer deux volumes toutes les années, et dans trois ans l'ouvrage sera entièrement fait. Dieu sait si je vivrai assez pour le finir; en tout cas, il se trouvera quelqu'un, après moi, qui traduira ce que je n'aurai pas achevé; et le libraire, ayant imprimé les premiers volumes, sera bien obligé, pour son intérêt, de faire finir les derniers. Il y a des dissertations, dans ce Plutarque, bien belles; mais il y en a aussi de bien faibles. Je ferai comme les généraux qui ne croient pas rester longtemps dans un pays, et qui s'emparent de ce qu'il y a de mieux. Je mettrai dans les premiers volumes ce qu'il y a de meilleur, et je laisserai pour les derniers ce qui me paraît le moins bon. Si je n'ai pas la force d'achever mon ouvrage, je le publierai comme un choix des plus beaux traités de Plutarque.
V. M. aura eu quelque chagrin, en dernier lieu, de ce qui s'est passé en Saxe; mais, dès que le secours considérable que vous y envoyez sera arrivé, les affaires changeront bientôt de face. Il est assez singulier que les Autrichiens, ayant eu le dessein d'attaquer le prince Henri et de profiter de la grande supériorité qu'ils avaient sur lui, aient attendu que vous eussiez pris Schweidnitz, et que les neiges dans les montagnes de la Silésie y rendissent une partie de vos troupes inutiles. Cette affaire, dont ils feront beaucoup de bruit, aurait été très-fâcheuse pour nous, si elle s'était passée quinze jours avant la prise de Schweidnitz, et ne sera d'aucune utilité réelle aujourd'hui pour eux, puisqu'il est sûr qu'ils y ont perdu plus que nous. J'ai l'honneur, etc.
276. AU MARQUIS D'ARGENS.
Péterswaldau, 28 (octobre 1762).
Je vous annonce, mon cher marquis, que j'en suis au vingt-huitième tome de Fleury, de sorte que, si je compte juste, il ne