<387>maladies qui fournissent une matière abondante à l'imagination, et qui donnent lieu à l'entretien de la fournaise ardente où vous accoutumez votre corps, en damné politique, à la chaleur du climat que les anathèmes de la sainte Église vous annoncent, et où votre âme ira griller entre celles de Bayle et de Gassendi. Cependant, si ma voix peut pénétrer dans la région sombre et brûlante que vous, habitez, j'oserais vous dire qu'il n'est pas prudent de préluder ainsi sur le purgatoire, que vous vous tuez de crainte de mourir, que c'est bien assez d'être brûlé dans l'autre monde, sans que, de gaieté de cœur, on se rôtisse dans celui-ci, enfin, qu'il faut jouir de l'air et de la lumière le plus que l'on peut, et que la crainte de la mort est pire que la mort même. Vous ferez de toutes ces petites sentences l'usage que vous voudrez. Si vous les mettez au matras, et les distillez dans votre fournaise, peut-être que la matière spiritueuse qui en résultera vous fortifiera au point de faire tomber les emplâtres, les maillots et tout l'affublement qui vous enveloppe. Quel que soit le parti que prenne Votre Divinité hippocratique, je fais des vœux pour qu'il vous soit le plus salutaire. Dixit

Federic.

292. DU MARQUIS D'ARGENS.

Strasbourg, 9 octobre 1764.



Sire,

Avant de parler à Votre Majesté de ma douloureuse et triste route, je commencerai par lui faire excuse d'une étourderie dont je ne me suis aperçu qu'à Göttingue. J'avais emporté à Berlin, dans le fond de mon coffre, les deux paquets des Réflexions sur Charles XII,a pour les remettre à M. Catt; j'oubliai ces paquets,


a Voyez ci-dessus, p. 113.